Forêt Sacrée Kouvizoun Adakplamè-Ewè, Bénin
La description
Nom complet de l'APAC : Forêt Sacrée Kouvizoun Adakplame-Ewe
Zone géographique et localisation : Elle est à cheval sur les villages d'Adakplamè, d'Ewè et d'Edénou de l'Arrondissement d'Adakplamè dans la commune de Kétou au Bénin
Identité de la communauté locale/des peuples autochtones qui y vivent : les premiers habitants de la forêt sont des Mahi venus de Paouignan vers 1600. Aujourd'hui, une variété ethnique s'observe toujours dominée par les Mahi et le Nago
Taille de la population : Au dernier recensement (INSAE/RGPH", 2013), l’arrondissement d’Adakplamè compte une population de 20218 habitants (9944 hommes et 10274 femmes).
Quel est le principal moyen de subsistance de la communauté locale : l’agriculture constitue la principale activité des populations avec des spéculations dont le maïs et le manioc constituent la base de l'alimentation.
Qu'est-ce qui est spécial ou unique à propos de l'APAC : Non seulement elle est la plus grande forêt sacrée du Bénin mais l’histoire de la création du village Adakplamè est liée à celle de la forêt de Kouvizoun ("Tozoun" en langue locale traduisant la "forêt communautaire") a joué de par le passé un rôle important dans le peuplement de l’actuelle Commune de Kétou.
Histoire et Activities
Date d'établissement et Bref historique : Au plan historique, la forêt sacrée de KOUVIZOUN a été par le passé un lieu de refuge pour les populations, du fait des razzias des rois de Danxomè. Ses premiers habitants sont des Mahi venus de Paouignan (vers 1600) qui fuyaient les razzias successives des rois de Danxomè et ont pu traverser le fleuve Ouémé pour se réfugier dans la forêt, qui leur a permis d’échapper à la mort (d’où le nom de « Kouvizoun » donné à la forêt, signifiant "Forêt de ceux qui sont destinés à la mort"). Selon la tradition locale, les deux frères qui ont conduit cette population Mahi s’étaient séparés dans la région. L’un appelé Bogninou s’est installé à Oklidji et l’autre Anato Koto à Hounkon.
Ce dernier voyant les animaux sauvages dévorés ses biens, sa famille, recherchait des secours, quand un jour, il rencontra son frère Bogninou, à qui il raconta ses difficultés. Celui-ci, lui fit un gri-gri composé de deux branches d’un arbre appelé « adakpla », Gardenia ternifolia qui a été ensuite mis en terre à l’entrée du village, avec l’incantation que "l’oiseau ne prend jamais sa proie sous l’arbre « adakpla »". Dès lors, commença pour Anato Koto et ses enfants, une vie paisible sans menace des animaux sauvages.
Raison pour laquelle, Anato Koto donna le nom d’Adakplamè à ce village. En signe de gratitude, Anato Koto décida de choisir Bogninou comme Chef traditionnel de tout le village et s’est donné pour privilège d’être le surveillant de la Forêt Kouvizoun, donc le « Ganzoun » c'est-à-dire le chef de la forêt de Kouvizoun. Depuis lors la gestion de la forêt est confiée aux descendants d’Anato Koto et la royauté à ceux de Bogninou.
Cependant, le roi est toujours intrônisé par les descendants de Anato Koto. Au nombre des évènements liés à la Forêt Sacrée (FS), il y a encore quelques décennies, sept chasseurs se sont égarés dans la forêt parce qu’ils allèrent chasser près du lieu sacré de Oklidji. La gestion de cette forêt sacrée est réglementée par des principes religieux qui se matérialisent à travers tout un ensemble d’interdits, de prescriptions et de pratiques rituelles qui ont longtemps permis leur protection et leur régénération.
Comment s'est passé l'établissement : l'APAC n'est pas encore reconnue car ne dispose pas encore d’un acte légal de reconnaissance au niveau communal et national. Néanmoins, un Décret gouvernemental a balisé le terrain pour faciliter le processus d’établissement de cette APAC. Mais également, l'arrêté interministériel n°0121/MEHU/MDGLAAT/SGM/DGFRN/SA du 16/11/2012 a fixé les conditions de gestion durable de la forêt sacrée en république du Bénin.
Quel était le but : l’APAC n’étant pas encire établie, elle ne dispose pas d’un but clairement défini. Néanmoins, les actions endogènes ont pour but de sauvegarder le caractère sacré des divinités et de toute la forêt qui la protège.
Quelles activités sont actuellement en cours (projets de développement, travaux de conservation) : Il est actuellement et cours le Projet d’appui à la conservation et à la valorisation du patrimoine naturel et culturel des forêts sacrées dans les communes de kétou et d’adja-ouèrè au bénin, qui prévoit des actions allant dans le sens du renforcement du système de gouvernance, des actions concrètes de gestion de l’APAC et des initiatives de développement économique et social des populations riveraines animaux sauvages. Raison pour laquelle, Anato Koto donna le nom d’Adakplamè à ce village. En signe de gratitude, Anato Koto décida de choisir Bogninou comme Chef traditionnel de tout le village et s’est donné pour privilège d’être le surveillant de la Forêt Kouvizoun, donc le « Ganzoun » c'est-à-dire le chef de la forêt de Kouvizoun. Depuis lors la gestion de la forêt est confiée aux descendants d’Anato Koto et la royauté à ceux de Bogninou. Cependant, le roi est toujours intrônisé par les descendants de Anato Koto. Au nombre des évènements liés à la Forêt Sacrée (FS), il y a encore quelques décennies, sept chasseurs se sont égarés dans la forêt parce qu’ils allèrent chasser près du lieu sacré de Oklidji. La gestion de cette forêt sacrée est réglementée par des principes religieux qui se matérialisent à travers tout un ensemble d’interdits, de prescriptions et de pratiques rituelles qui ont longtemps permis leur protection et leur régénération.
Conservation
Qu'est-ce que vous conservez: La biodiversité en général et toute la richesse spécifique restante de cette forêt : Triplochiton scleroxylon, Ceiba pentandra, Milicia excelsa, Antiaris toxicaria, Trichilia prieuriana, Rothmania longiflora, Diospyros abyssinica ; Gardenia imperialis, Hippocratea africana, Zanthoxylum leprieuri, Mansonia altissima, etc (des espèces fortement menacées dans les autres écosystèmes de la région), une faune aviaire riche, la restauration de sa faunesauvage (Tantale, mona, patas, potamochère, phacochère, daman d’arbre, civette, céphalophe) qui a presque disparu compte tenu de leur habitat qui est resté ouvert aux diverses pressions anthropiques et des prélèvements abusifs, les sites sacrés, etc.
Le site fournit-il des services écologiques (approvisionnement en eau, contrôle du climat, protection contre les inondations, avantages récréatifs ou spirituels):
NOMS SCIENTIFIQUE | NOM LOCAUX | Statut BENIN | Statut UICN |
Afzelia africana | Kpakpa | EN | VU |
Albizia ferruginea | Agla | VU | VU |
Kaya senegalensis | Agahouga | EN | VU |
Pterocarpus erinaceus | Kosso | EN | FR |
Anogeissus leiocarpus | Hlihon | EN | EN |
Funisciurus substriatus | Don | EN | EN |
Funisciurus leucogenys | Ikoun | EN | EN |
- Services écosystémiques d’approvisionnement: Collecte des PFNL (bois mort, plante médicinale, champion, ressources en eau, le miel etc.)
- Services écosystémiques culturels: Les cérémonies culturelles et cultuelles (OroServices écosystémiques d’approvisionnement, sakpata etc.) et la pratique du tourisme.
- Services écotouristiques de régulation: Régulation du microclimat, ralentissement des écoulements etc.
Quels sont les impacts de la conservation (nombre d'espèces, biodiversité, qualité de l'écosystème): Les mesures de conservation en cours dans l’APAC ont pour impacts direct, la bonne santé des services écosystémiques tels que l’amélioration de la qualité de l’eau, la disponibilité de la protéine animale issu de la chasse contrôlée, la sécurisation des pratiques culturelles et culturelle, le contrôle des inondations.
Comment les impacts sur la conservation sont-ils mesurés ou surveillés: Il n'existe pas encore un mécanisme réel durable ou des dispositions adéquates pratiques pour mesurer les impacts de la conservation. Le seul outil acceptable pour apprécier les impacts sur la conservation (le PAGS de la forêt) doit être réactualisé. A part les feux de végétation abusifs, la coupe de bois et le prélèvement incontrôlé de produits forestiers non ligneux par les populations, différents canaux de sensibilisation permettent d'apprécier un certain degré de prise de conscience au niveau des populations quant à la nécessité de conserver les ressources de la forêt.
Qui sont touchés par ces impacts: Les populations riveraines des villages d’Ewè et Adakplamè sont les bénéficiaires directs de ces mesures de conservation. Cependant, toute la commune de Kétou bénéficie des services écosystémiques de régulation fournies par l’APAC.
Gestion et Gouvernance
Comment la communauté gère-t-elle la région: Les autorités coutumières et les dignitaires traditionnels sont les principales autorités de gouvernance au niveau des APAC. Ces derniers collaborent avec les autorités locales (chef d’arrondissement et chef village) pour des questions liées à la gestion durable des ressources naturelles issues de l’APAC. Pour une efficacité de gestion, ces différents acteurs ont mis en place un Organe Local de Gestion qui est le groupe opérationnel de mise en œuvre des actions.
Existe-t-il un soutien gouvernemental ou des lois pour aider la direction:
- l'arrêté interministériel n°0121/MEHU/MDGLAAT/SGM/DGFRN/SA du 16/11/2012 qui fixe les conditions de gestion durable de la forêt sacrée en république du Bénin,
- DECRETN'2017- 331 du 06 juillet 2017 portant définition de la catégorisation des Aires Protégées de la République du Bénin suivant la nomenclature de l'Union Mondiale pour la Conservation de la Nature (UICN)
Comment les limites sont-elles appliquées: Le Projet d'Intégration des Forêts Sacrées dans le Système des Aires Protégées au Bénin a relevé les limites de l’APAC de Kouvizoun. Mais la délimitation physique n’a pas été effective.
Quelles sont les menaces et les problèmes auxquels l'APAC est confrontée?
- Dégradation accentuée de la biodiversité,
- le front agricole,
- les feux de végétation,
- absence d'un document de reconnaissance légale de la forêt,
- absence d'appuis pour assurer l'intégrité physique et la sécurisation des limites de la forêt ainsi que la gestion contrôlée et durable de la forêt,
- absence d'une politique d'accompagnement des populations dans l'entreprise d'autres activités respectueuses de l'environnement, etc.
Quelles tentatives sont faites pour surmonter celles-ci:
- Mise en place d'un Organe Local de Gestion (comportant toutes les catégories socio- professionnelles de la population),
- installation d'un jardin des plantes médicinales, promotion de l'écotourisme, enregistrement de la forêt au registre APAC et à la WDPA (en cours),
- l'édition d'un recueil des règles locales de gestion de la forêt,
- appui aux populations dans la promotion d'activités génératrices de revenus à travers le fonds FAEID,
- restauration des écosystèmes de faune et de flore dans l’APAC
Des récompenses ou des reconnaissances ont-elles été reçues
Pas encore
Quels impacts la forêt a-t-elle eu sur la communauté (par exemple en matière de santé, d'éducation, de logement, d'assainissement activités, revenus: les populations riveraines à la forêt entretiennent des liens de subsistance (les produits forestiers non ligneux comme les plantes médicinales, éponges et brosse végétales par exemple), culturels/cultuels (par exemple pour des cérémonies traditionnelles ou les sites sacrés) ainsi que des valeurs commerciales (par exemple la petite faune comme source de protéines animales).
Comment la communauté est-elle directement impliquée dans la zone conservée: Un Organe Locale de Gestion de la forêt (intermédiaire entre les populations, les garants de la tradition et les différents acteurs de la société civile) a été mise en place pour assurer la gestion et la gouvernance de cette aire sacrée. Ils impliquent les populations aux activités de reboisement (par exemple l'installation du jardin des plantes médicinales), le contrôle de l'accès aux ressources de la forêt, la surveillance et la sécurisation de ses limites.
Quelles sont les Prochaines Etapes et les Lecons Apprises
Quelles sont les activités futures prévues ou espérez-vous que cela se produise
- Enregistrement de l’APAC au registre APAC et à la WDPA (en cours),
- l'édition d'un recueil des règles locales de gestion de la forêt,
- appui aux populations dans la promotion d'activités génératrices de revenus à travers le fonds FAEID,
- organiser et promotion de l'éco-tourisme,
- aménager des circuits touristiques et certains sites sacrés pour la promotion de l'éco-tourisme
- Délimitation physique de l’APAC
Quelles sont les prochaines étapes? De quoi avez-vous besoin? Qu'est-ce que vous n'avez pas?
- les documents de reconnaissance légale de la forêt pour faciliter son enregistrement au registre APAC et à la WDPA
- des appuis techniques et financiers pour délimiter et sécuriser tout le périmètre de la forêt et pour installer d'autres jardins de plantes médicinales dans ses zones dégradées
- organiser les spéculations génératrices de revenus et respectueuses de la forêt,
- renforcement des capacités des équipes de gestion et d’appui.
Quelles leçons ont été apprises jusqu'à présent
Une meilleure implication des autorités coutumière (les rois et leurs cours) et les dignitaires religieux ont facilité l’adhésion des communautés aux actions de conservation et de restauration de l’APAC.
Cette étude de cas a été initialement publiée par le UNEP-WCMC en 12/20. Les informations sur ce site web a été fourni par les gardiens de cette APAC. L'APAC a été auto-déclarée et n'a pas encore fait l'objet d'un processus d'examen par les pairs pour vérifier son statut. Plus de détails sur ce processus peuvent être trouvés ici. Les informations sur ce site web ne reflète pas nécessairement les points de vue ou les politiques du Programme des Nations Unies pour l'environnement ou du WCMC